Artiste contemporain, rafaël GORSEN a commencé par se faire remarquer en tant qu’artiste religieux et une de ses œuvres, figure au Vatican.
Cependant son art religieux est né de son empathie plutôt que de la nécessité d’afficher une conviction pieuse, ou d’illustrer des scènes bibliques. Quoi que l’on puisse penser du christianisme, l’homme fouetté, la tête couronnée d’épines, ce Christ innocent cloué sur la croix et mort, est considéré par beaucoup comme un archétype. GORSEN a dépeint la souffrance dans la figure du Christ, dans des séries qui ont marqué les esprits, car c’est de la souffrance de l’homme à laquelle, il a longtemps fait référence.
Cette douleur profonde, cette colère impuissante qui a été générée et entretenue sont de grandes séries de dessins au fusain et de tableaux d’art, qui sont si importantes pour l’artiste. La série sur la lèpre a été exposée en 1993 ; sa sympathie et son intérêt pour la figure de Damien se sont manifestés en 1995 lors de la remise de la collection au pape lors de la béatification du tableau « Père Damien ».
Une partie non négligeable des dessins de rafaël GORSEN s’articule autour de thèmes religieux ; il était donc prévisible que l’on puisse le qualifier d’artiste religieux. A juste titre, si l’on considère chaque dessinateur, peintre, sculpteur, vitrier…. comme ayant réalisé une représentation religieuse, l’appelle ainsi ; à tort lorsqu’on utilise ce terme pour suggérer qu’il s’agit d’un type particulier d’artiste.
Toute personne qui peint principalement – et parfois aussi bien – des animaux est appelée peintre animalier sans aucune restriction. Les peintres de portraits, de pièces de genre, de marines, de nus sont appelés portraitistes, peintres de genre, peintres de marine ou peintres de nus. Le terme peintre religieux semble plus neutre, plus chargé que peintre de thèmes religieux. Ce n’est que pour des raisons pratiques que le terme artiste religieux est utilisé dans cette histoire, mais pour chaque artiste qui s’intéresse aux thèmes religieux, ll est évident, quoi que certains puissent insinuer, que pour un artiste religieux, la foi n’est pas une exigence. L’architecte franco-suisse Le Corbusier se disait athée ; la petite église qu’il a construite à Ronchamp dans les années 1950, Notre Dame du Haut, est considérée par beaucoup comme l’espace le plus sacré du XXe siècle.
Un artiste religieux ne doit pas être un membre convaincu, franc et docile d’une communauté religieuse.
L’empathie et l’intérêt pour le thème, qu’il soit ou non lié à une commande, sont les conditions les plus importantes, sinon les seules, de la création d’un art religieux authentique. Ce sont les conditions auxquelles chaque artiste peut répondre dans une large mesure, si ce n’est pleinement, en faisant son propre choix. Le Corbusier l’a exprimé de façon plus frappante que quiconque lorsqu’il a parlé de son église à Ronchamp : l’architecte voulait créer un lieu de silence, de paix et de joie intérieure.
La série d’exemples est infinie. Dans la cathédrale de Reims, non loin, se trouvent des vitraux de Marc Chagall, un immense vitrail qui raconte l’histoire du champagne. Des images tacites et kitsch du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes…. Se trouvent dans presque toutes les églises.
Certaines des grandes œuvres religieuses de rafaël GORSEN ont fait leur chemin dans les lieux de culte. Tout d’abord « la Résurrection », un très grand tableau, 264 cm sur 34,2 cm ; seuls les triptyques de l’artiste belge contemporain sont parfois plus grands. Dans une partie de l’ancien cloître de l’église Saint-Pauluskerk à Anvers, une chapelle d’une semaine a été construite ; c’est là, que ce tableau est suspendu au-dessus de l’autel. La figure du Christ, flanquée de deux autres personnages, s’élève de l’obscurité de la partie inférieure du tableau, à la lumière. Pour cette réalisation, l’artiste peintre anversois, a utilisé une gamme sobre de couleurs : jaune et ocre.
La chapelle de la prison de Merksplas montre fièrement le triptyque : » Laissez venir à moi les petits enfants ». A Oudenbosch, dans l’église Sainte-Agathe et Sainte-Barbe, on y trouve l’huile sur toile : »Dieu le Père ». L’église aurait été construite à l’exemple de la basilique Saint-Pierre à Rome, bien sûr les dimensions ont été ajustées. Le tableau se trouve dans l’une des niches du chœur.
« La Cène », un grand triptyque, a été acquise par la cathédrale Notre-Dame d’Anvers. L’intention était de donner une place définitive à cette œuvre magnifique dans la cathédrale dès que les chapelles auraient été achevées. Le panneau central montre le Christ avec deux apôtres. Les figures sautent d’un fond de couleurs plus foncées vers l’avant.
Les églises plus anciennes considèrent trop souvent leur collection d’art – parfois très précieuse – comme une collection fermée de musée d’art ancien. On ne peut que se réjouir qu’une bonne œuvre contemporaine soit ici confrontée à l’ancien.
rafaël GORSEN a dessiné un premier Chemin de Croix, en a peint un deuxième et en a dessiné un troisième. Chaque Chemin de Croix est devenu une série importante. Le Chemin de Croix n’est pas un édifice culte. Le Chemin de Croix peint appartient au diocèse de Liruges et se trouve au musée d’art religieux d’Ostende.
Le Chemin de Croix peint, qui est généralement considéré comme une série, est exceptionnel dans son interprétation. On ne tremble pas devant les tortures infligées . Le peintre moderne belge a bien compris, que, suggérer peut- être infiniment plus important, plus intrusif que montrer explicitement.
Pas à pas, l’artiste anversois, le peintre s’est laissé inspirer par ce que la figure du Christ a pu voir tout au long de son chemin de croix…
« La descente de la croix », une œuvre gigantesque, 420 cm sur 300 cm, est thématiquement une suite logique. Cette œuvre est toujours dans l’atelier de l’artiste. Sur le plan émotionnel, il témoigne d’une charge intense ; sur le plan pictural, c’est une perle de luminosité.
rafaël GORSEN réunit toutes les qualités souhaitées pour livrer un excellent travail destiné à un espace sacré. Il est à l’écoute, il communique très bien, il a de l’empathie pour les sujets désirés comme aucun autre, il est familier avec les grands formats… ; on ne peut que regretter que les commandes ecclésiastiques se raréfient.
Trop d’artistes se sont éloignés de l’art religieux considéré comme difficile à vendre ; le nombre de fidèles a diminué et diminue à un rythme de plus en plus rapide, ce qui a bien sûr des répercussions sur les fonds disponibles. Devrions-nous en conclure que GORSEN appartienne à la dernière génération d’artistes religieux ?